L’éducation en Thaïlande partie 3: Quand le privé contribue à l’éducation des plus démunis

Bangkok, capitale de la Thaïlande.  Bien qu’au cours de la dernière génération, la situation financière du pays, et donc des habitants de la ville se soit vraiment améliorée, un grand nombre d’enfants y vivent toujours dans la plus grande pauvreté.  Vivant parfois dans la rue, souvent dans des logements insalubres, devant commencer à travailler à un très jeune âge pour aider à subvenir aux besoins de leur famille, n’ayant souvent pas la chance de fréquenter l’école, leur réalité est bien différente de celles des autres enfants de leur pays.  Et bien qu’ici la fréquentation de l’école soit, en théorie, obligatoire, les écoles publiques sont souvent surchargées, elles manquent d’enseignants qualifiés, de matériel et de locaux, ce qui fait que ces enfants échappent beaucoup plus facilement au système.  Le gouvernement est conscient de la situation, et il y a du travail qui est fait à ce sujet.  Il semble y avoir une réelle volonté d’améliorer les choses mais, comme partout ailleurs, c’est un travail fastidieux et extrêmement long car il implique également de changer les mentalités.

Devant cette réalité, des initiatives extraordinaires mettant en scène des individus tout aussi extraordinaires voient le jour partout au pays, et l’école internationale Shrewsbury, cette école privée haut de gamme que nous vous avons présenté la semaine dernière, est au cœur de certaines de ces initiatives merveilleuses.  La vice-principale du collège, Sally Weston, nous indiquera d’ailleurs que c’est le cas de plusieurs écoles privées thaïlandaises qui, conscientes de leurs privilèges et souhaitant éveiller les enfants à l’importance de l’implication sociale et communautaire, et à la chance qu’ils ont, développent des projets pour venir en aide aux plus démunis.  C’est de cela que traitera aujourd’hui, la 3e partie de notre dossier sur l’éducation en Thaïlande.

Un de ces projets mets en scène Sœur Louise Horgan, une missionnaire irlandaise, qui travaille en Thaïlande depuis de nombreuses années.  Nous n’avons malheureusement pas eu la chance de la rencontrer lors de notre passage à Bangkok, mais son nom est sur toutes les lèvres.  Directrice du Centre Good Shepherd Sisters, un centre qui vient en aide aux femmes et aux filles des quartiers les plus pauvres de Bangkok, leur permettant, entre autres, de se créer un travail qui leur permettra de nourrir et d’habiller leur famille ou encore de retourner à l’école.   Il y a quelques années, elle a également mis sur pied une école préscolaire, rattachée à ce centre, qui permet aux enfants les plus pauvres de recevoir une éducation, des soins de santé et des repas nutritifs et, ainsi, d’avoir plus de possibilités d’aller à l’école quand ils seront en âge de le faire.  Actuellement, c’est 140 enfants qui ont la chance de profiter de ce service.  Et c’est ici qu’entre en jeu, une des premières implications du collège Shrewsbury.  Chaque lundi, l’école ouvre ses portes aux enfants du programme de Sœur Louise et leur offre des cours de piscine.   La Thaïlande étant un des pays où le taux de noyades est le plus élevé au monde, ces cours offerts à ces enfants qui vivent souvent sur les bords des rivières et des canaux de la ville pourraient bien leur sauver la vie.  Les élèves les plus âgés du Collège passent aussi du temps à leur apprendre l’anglais.  Pour la vice-directrice, c’est une question de justice:   ‘’J’aimerais que chaque enfant, garçon ou fille, ait accès à une éducation de qualité.  Une éducation juste pour tous.  Et qu’il ait la chance d’en faire quelque chose.  Malheureusement, trop d’enfants sont envoyés rapidement sur le marché du travail. ‘’  L’implication de l’école dans ce type de projets va donc de soi pour elle.

Et c’est loin d’être le seul projet de cette école internationale.  Ils ont également mis sur pied, cette fois encore avec les élèves les plus vieux, un projet qui s’appelle ‘’The Hob’’ et qui est destiné aux adolescents sans domicile fixe.  ‘’Nous les invitons à venir dans ce lieu que nous avons créé et nous leurs enseignons l’anglais et les technologies de l’information afin de leur permettre de se trouver un emploi et de briser le cycle.  Nous voulons que nos élèves comprennent à quel point ils sont chanceux, mais qu’ils ont aussi le pouvoir d’avoir un impact, de changer les choses, ‘’ explique madame Weston.

Puis lorsque les inondations de 2011 ont complètement détruites une école publique se trouvant sur le bord de la rivière, dans un quartier défavorisé, les élèves du Collège et le personnel ont mis sur pied une collecte de fond qui a permis d’amasser la somme nécessaire pour rebâtir l’école.  Depuis, les élèves de 6e (11 ans) de Shrewsbury vont régulièrement les visiter afin de jouer à des jeux avec eux et de leur apprendre un peu d’anglais.  Puis, une fois par année, c’est au tour des enfants de cette école de venir passer la journée au Collège qui, pour l’occasion, leur réservera une journée pleine d’activités et de surprises.  L’équipe a aussi pris l’initiative d’offrir les restants de chaque repas du midi fourni par Shrewsbury à un organisme qui les répartis ensuite aux plus démunis.

Voici une partie de l’entrevue avec Mme Sally Weston, vice-principale de l’école internationale Shrewsbury aux sujets de ces initiatives (en anglais):

Outre ces initiatives de l’école auxquels contribuent, à leur façon, les enfants, ceux-ci sont invités à proposer leurs propres idées d’implication communautaire.  Au cours des derniers mois, des enfants auront travaillé à faire arrêter l’utilisation de pailles jetables dans l’hôtel adjacent à leur milieu, et l’utilisation de sacs de plastique au dépanneur se situant tout près.  Ils auront également mis sur pied un projet afin d’amasser de l’argent pour les animaux de l’Australie dans le cadre des grands feux des derniers mois.  Lorsque l’idée vient des enfants, l’école leur offre les outils, le support et la formation nécessaires afin d’arriver à leurs objectifs.  ‘’Nous nous faisons un devoir de les accompagner dans leurs démarches afin de leur permettre de voir et de croire qu’il est possible, pour eux aussi, aussi petits soient-ils, d’avoir un impact positif et de faire changer les choses”, soulignera Sally Weston.

Souvent, les écoles privées ont mauvaise presse étant accusées de ne pas faire partie du vrai monde, de ne pas connaître la vraie réalité.  Et c’est sûrement vrai pour plusieurs.  Mais ici, je pense que l’implication exceptionnelle de cette école et de bien d’autres écoles privées de Thaïlande, mérite d’être soulignée à sa juste valeur, et pourquoi pas, imitée.  Non seulement ça apporte beaucoup à la communauté, mais ça apporte également énormément aux enfants qui la fréquentent et qui auront appris, dès leur plus jeune âge, à faire une différence.

Et vous, qu’en pensez-vous?  Connaissez-vous des écoles qui inculquent ce genre de valeurs aux enfants qui les fréquentent?

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