Partie 1: Petit tour d’horizon de l’éducation en Indonésie et plus particulièrement sur l’île de Bali

Bali, Indonésie.  Une petite île située au sud de l’archipel où vivent plus de 4,2 millions d’habitants.  Ce paradis du tourisme, qui est d’ailleurs l’activité économique la plus importante de l’île, reçoit plusieurs millions de visiteurs chaque année, ce qui a des impacts désastreux sur son environnement et sur son autre secteur économique principal : l’agriculture.  En effet, les terres consacrées à la culture du riz, du café et des quelques légumes et fruits pour lesquels l’île est reconnue s’évaporent année après année, transformées en hôtels et en complexes pour les vacanciers.  Mais malgré les effets négatifs de ce tourisme de masse sur leur environnement et leur qualité de vie, le nouveau système économique qui s’est bâti dans les dernières années empêche tout retour en arrière aux yeux de la population et de son gouvernement.  C’est la totalité de ce qu’ils ont bâti au cours des années qui s’effondreraient, y compris leur système d’éducation, qui bien qu’étant tout au bas de l’échelle lorsqu’on le compare avec les autres pays industrialisés, leur a tout de même permis de faire partie des études.  Et ce lien avec le monde extérieur est très important pour la population balinaise dont les valeurs et le style de vie diffèrent énormément du reste du pays.  En effet, l’île de Bali est la seule île indonésienne qui n’a pas abandonnée l’hindouisme au profit d’une autre religion, soit, en très grande majorité, la religion musulmane.  D’ailleurs, à ce sujet, il est important de savoir que pour eux (et ça nous a été répétés un très grand nombre de fois), toutes les religions ont une base commune, à l’exception de la religion musulmane qu’ils n’arrivent pas à comprendre.   Cela dit, ils sont extrêmement pacifiques et respectent les musulmans qui sont d’ailleurs les bienvenus à Bali (5% de la population est musulmane), mais cette différence de vision majeure avec le reste du pays rend les échanges plus difficiles.  Ici, c’est 93% de la population qui pratique l’hindouisme balinais et la province est considérée comme un des endroits les plus religieux au monde tellement la religion y est une partie importante de la vie.

Pourquoi je parle de cet aspect me direz-vous?  Tout simplement à cause de la part très, très importante que détient la religion dans l’éducation des jeunes indonésiens, ce qui rend les différences encore plus marquantes entre les jeunes balinais et les jeunes indonésiens du reste du pays vu la différence de religions dans laquelle ils sont élevés et qui est aussi la trame principale de leur instruction.  Ici, le système éducatif public est basé sur deux aspects majeurs :  la religion et le nationalisme.  Ce qui fait que le programme éducatif (tout comme d’ailleurs la plateforme de tous les partis politiques du pays) est développé en tenant compte majoritairement de ces deux valeurs.  Et à ce niveau, les résultats sont extraordinairement bien atteints.  Par contre, quand on compare l’Indonésie aux autres pays du monde dans des études telles que PISA qui jugent les connaissances académiques des jeunes à l’âge de 15 ans ou le PIAAC qui jugent les compétences des adultes de 16 à 65 ans, leurs résultats se retrouvent loin derrière, en queue de peloton.

Résultats des études

Pour bien illustrer ces dires, attardons-nous sur un exemple précis, tiré de l’étude PIAAC, réalisée en 2017 par l’OCDE et dont l’objectif principal était de juger les compétences en alphabétisation, en compréhension mathématiques et en résolution de problèmes dans un environnement technologique des adultes de 16 à 65 ans, et ce, dans une quarantaine de pays.  L’Indonésie s’est classée bonne dernière dans toutes les catégories et pour tous les groupes d’âge.  Allons même plus loin, les adultes de 25 à 65, ayant une formation universitaire indonésienne, ont obtenu, en alphabétisation, un score plus bas que la moyenne des adultes de 16 à 24 ans n’ayant qu’une éducation de niveau primaire, dans les autres pays de l’OCDE.  Inutile donc de dire qu’un diplôme universitaire obtenu en Indonésie n’a pour ainsi dire aucune valeur aux yeux des futurs employeurs, même dans l’archipel.  Les enfants issues des familles les plus riches quitteront donc tous l’Indonésie pour poursuivre leurs études.  À noter que cette étude n’a été réalisée qu’à Jakarta, la capitale du pays, laissant penser que les résultats seraient sûrement encore pire ailleurs.

Ces résultats, combinés à ceux de d’autres études indiquent, selon la Banque Mondiale, que les enfants indonésiens n’atteindraient, grâce à leur instruction que 50% de leur plein potentiel.

Ici, l’instruction obligatoire est, en théorie, de 9 ans. Soit 6 ans de primaire et 3 ans de secondaire.  Mais la scolarité est gratuite pour les enfants pour une période de 12 ans, menant à la fin du lycée.  Malheureusement, les études démontrent que même pour un enfant fréquentant l’école pour toute cette période, sa qualité d’apprentissage réelle est de seulement 7,9 ans et ce, même si en 2018, 20% du budget national a été accordée à l’éducation.  Le gouvernement reconnaît réellement le problème et en fait une priorité.  Mais le taux d’absentéisme des enseignants, le manque d’enseignants et d’écoles dans les secteurs les plus reculés de l’archipel (dont le nord de l’île de Bali) et la pauvreté qui forcent plusieurs enfants à commencer à travailler très jeunes, rend la situation difficile à gérer.  85% des enfants indonésiens terminent actuellement leurs études primaires (7 à 12 ans), mais un grand nombre d’entre eux n’auront pas la chance d’aller plus loin.

Statistiques: Les écoles privées en Indonésie

Vous l’aurez sans doute compris, face à cette situation, les familles qui en ont les moyens se tournent vers l’éducation privée afin d’offrir plus de chances à leurs enfants.

0 à 5 ans : La grande majorité des enfants indonésiens ne fréquentent aucune garderie ou service éducatif.  Et ceux qui existent sont tous privés.

5-7 ans :  Maternelle non-obligatoire.  Comme plus de 99% d’entre elles sont privées, elles sont réservées aux familles les plus riches.

7 à 12 ans :  Fréquentation de l’école primaire.  Ici, c’est 7% des écoles qui sont privées.

13 à 15 ans : Collège.  25% des écoles sont privées à ce niveau, et le taux d’écoles privées augmentent ensuite considérablement puisque l’école, passé ce stade, n’est plus obligatoire.

Au cours des prochaines semaines,  nous vous présenterons certaines de ces écoles que nous avons eu la chance de visiter sur l’île de Bali et nous vous parlerons de l’impact qu’elles ont sur leur communauté.  Nous nous attarderons également aux solutions qui sont mises de l’avant, par le gouvernement balinais et des groupes locaux, afin d’améliorer la situation de l’île au niveau de l’éducation et d’un projet sur lequel nous travaillons.  Alors n’oubliez pas de nous suivre dans notre dossier sur l’éducation à Bali!  À la semaine prochaine!

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