De plus en plus d’études le prouvent, il existe une méthode qui permet aux enfants de mieux se concentrer pour mieux apprendre, de travailler sa mémoire, de s’améliorer en mathématiques, de développer des outils pour mieux gérer son stress tout en réduisant l’anxiété et la dépression, de se calmer et même d’augmenter sa confiance en soi et d’améliorer son rapport aux autres. Cette méthode, qui semble magique, serait même en mesure, dans certains cas, de remplacer la médication servant à traiter le trouble de déficit d’attention avec ou sans hyperactivité ou, du moins à en diminuer l’utilisation, en permettant à l’enfant d’apprendre à réguler ses impulsions et à augmenter sa capacité de concentration. Cet outil, qui existe pourtant depuis des millénaires, fait son apparition dans des écoles un peu partout à travers le monde, et ses résultats sont plus que concluants. Mais de quoi parle-t-on? De pleine conscience ou, comme on l’appelle parfois au Québec, de présence attentive. Une technique qui a définitivement beaucoup à apporter à nos enfants, et à nous-mêmes! Portrait d’une méthode qui pourrait s’avérer être un outil essentiel à l’éducation!
(Photo prise par Josée Portelance, dans son service de garde en milieu familial)
Mais d’abord, qu’est-ce que la pleine conscience? La paternité de l’introduction de ce concept milliénaire en médecine et psychologie occidentale est attribuée au professeur de médecine américain Jon Kabat-Zinn qui la définit comme suit : ‘’La pleine conscience consiste à porter intentionnellement attention aux expériences internes ou externes du moment présent, sans porter de jugement de valeur.’’
Vous l’aurez sans doute compris à cette définition, il s’agit de méditation. Mais pour Candice Marro, présidente de l’Association pour la méditation dans l’enseignement (A.M.E) et initiatrice du programme P.E.A.C.E. (Pratique de la présence, l’écoute, l’attention et la concentration dans l’enseignement), le terme méditation est souvent à éviter dans des milieux laïques comme la France, où elle demeure, car ce terme a souvent une connotation religieuse liée au bouddhisme ou à l’hindouiste. Elle assure que dans le cas de la pleine conscience, la pratique n’a aucun besoin d’être expliquée par la religion. ‘’On a pas besoin d’y croire pour que ça fonctionne. C’est quelque chose qui est propre à chacun et permet de découvrir qui on est. C’est l’art d’être attentif, de revenir à soi, de revenir aux autres, de prendre conscience des mécanismes. C’est ça la méditation de pleine conscience’’, explique-t-elle.
Depuis plus de 4 ans maintenant, Mme Marro et son équipe traverse la France, la Belgique, la Suisse et maintenant le Québec afin de permettre aux élèves et à leurs enseignants de découvrir la méthode qu’ils ont développé et qui fait déjà ses preuves. Lors du projet pilote, le programme a rejoint 3 écoles régulières françaises et environ 350 élèves. En septembre dernier, c’est plus de 400 établissements et 15 000 élèves, qui avaient bénéficié de ce programme en France seulement. À cela s’ajoutaient 4000 élèves de Belgique, quelques centaines en Suisse et une vingtaine d’établissements au Québec. 600 instructeurs et enseignants ont également été formés à la technique. Je vous invite à écouter Mme Marro présenter le programme P.E.A.C.E. et son application.
Lorsqu’on pense à la méditation en groupe, l’image qui nous vient en tête est celle de gens assis en tailleur, immobiles et en train de réciter des mantras. Mais est-ce possible de reproduire cette scène avec 24 enfants de 6 ans? Pour l’initiatrice du programme P.E.A.C.E., ce n’est évidemment pas le cas et c’est très bien ainsi. Pour elle, les enfants doivent d’abord et avant tout devenir des explorateurs et elle est persuadée que chacun y trouvera, dans cette méthode, des outils différentes à des moments différents. ‘’On a pas besoin que la classe soit calme parce qu’on reconnaît que lorsqu’on se connecte à son corps, la première chose à laquelle on se connecte, c’est nos tensions. Et les tensions, ça se manifeste par le mouvement. Ça fait partie d’un processus organique qui est normal et qu’on attend’’, soutient-elle. De toute façon, les techniques utilisées par le programme P.E.A.C.E. inclus des mouvements, des étirements et des auto-massages, en plus de la position assise plus classique à la méditation.
(Photo prise par Josée Portelance, dans son service de garde en milieu familial)
Le programme P.E.A.C.E. offert dans les écoles régulières plutôt que dans le milieu alternatif
Lorsqu’on voit ce type d’outils, on a souvent tendance à croire qu’il est réservé au milieu alternatif et, malheureusement, c’est souvent le cas. Mais pas ici. Pour Mme Marro, dès le départ, le programme a été pensé afin d’être offert dans les milieux scolaires traditionnels. Pour elle, c’était une évidence puisque dans les milieux alternatifs, les enfants et les enseignants évoluent dans un contexte complètement différent, plus respectueux du développement de l’enfant. Le stress y est donc moins présent. C’est une toute autre histoire lorsqu’on parle d’école nationale en France, comme dans presque tous les pays occidentaux. ‘’Les chiffres démontrent que 80% des élèves de 14 à 17 ans n’ont aucune idée de ce qu’ils veulent faire plus tard, alors qu’on exige qu’ils choisissent. 12 000 enseignants sont mis en arrêt maladie chaque année pour cause de fatigue. 14% des enfants sont en décrochage scolaire, etc. En France, on dit que l’éducation nationale c’est un dinosaure. On a réformes sur réformes ce qui crée un climat de stress qui impact sur les élèves. Il y a beaucoup moins d’ajustements possibles dans ce milieu.’’, déplore-t-elle. Pour elle, ce n’est pas la nouvelle génération qui est difficile. C’est le climat dans lequel elle doit évoluer qui n’a plus de sens.
Un programme comme le programme P.E.A.C.E., dans le milieu traditionnel prend donc toute son importance. Selon les recherches qu’ils mènent depuis deux ans, celui-ci améliore les relations interpersonnelles entre les élèves, mais aussi entre adultes et enfants, et facilite l’épanouissement des besoins psychologiques fondamentaux des enfants (se sentir compétent, se sentir autonome et développer un sentiment d’appartenance.) Pour la psychothérapeute, il est clair que les enfants sont très réceptifs à ces mesures : ‘’Plus on commence jeune, mieux c’est car les enfants n’ont alors pas de filtre mental, de croyances ou de barrages par rapport au fait d’explorer et peuvent ainsi vraiment bénéficier des exercices proposés.’’
Pour en apprendre plus sur le programme P.E.A.C.E. et sur les formations offertes (disponibles aussi au Québec):
https://www.peace-mindful-education.com/formation-p-e-a-c-e/
https://meditation-enseignement.com/
Si cette technique était utilisée dans les classes, il y aurait sûrement moins de jeunes qui seraient sur le ritalin et seraient capables de mieux se concentrer.
Tout à fait mon genre. J adore …