Second continent: l’Asie

Bonjour à tous!

Après vous avoir présenté, tour à tour, les pays que nous avons retenu pour l’Europe, nous passons cette semaine au second continent que nous visiterons, soit l’Asie.  Le choix des pays pour cet immense continent a été particulièrement difficile.  Il fallait à la fois que cela cadre avec nos disponibilités (le calendrier scolaire n’a, dans l’ensemble rien à voir avec le nôtre et varie énormément d’un pays à l’autre en lien avec les fêtes religieuses, la saison des pluies, les périodes de chaleur suffocantes, etc.), mais aussi avec des contraintes plus administratives comme par exemple, la difficulté voire l’impossibilité pour certains pays d’obtenir un visa alors que nous serons sur la route depuis déjà plusieurs mois et que nous nous rendons dans ces pays avec un but journalistique (nous avons dû rayer la Chine de nos choix à cause de ces contraintes) ou encore de l’instabilité actuelle de certains pays et du danger à y aller.  Éventuellement, nous espérons pouvoir retourner en Asie pour couvrir ces pays individuellement, mais dans le cadre de ce premier voyage nous avons choisi d’opter pour des pays où nous serons en sécurité et où il sera plus facile de travailler. Et honnêtement, au nombre de pays extrêmement intéressants à couvrir en Asie, ça a simplement facilité un peu nos choix.  Alors au cours des prochaines semaines, nous vous présenterons chacun des pays que nous avons retenu (ils sont au nombre de 8) et des raisons qui nous ont poussé à les sélectionner.  Mais avant de nous lancer dans les particularités de chaque pays, j’ai eu envie de vous dresser un portrait global de l’éducation en Asie, et surtout des défis auxquels ce continent doit faire face. (Prenez note que les statistiques utilisées  datent de 2015)

Un continent surpeuplé et très jeune

L’Asie est le plus grand continent du monde, mais également le plus peuplé, comprenant plus de 56% de la population mondiale. De cette population qui frôle les 4 milliards, 1,6 milliards ont entre 0 et 24 ans un seuil qui n’a historiquement jamais été atteint pour ce continent qui n’a jusqu’alors jamais connu un tel poids de la jeunesse en âge d’être scolarisée.  En effet, en tout juste une génération, soit de 1970 à 2010, la population asiatique a doublé et dans la seule tranche d’âge des 5 à 14 ans, soit ce qui représente l’éducation de base pour plusieurs pays asiatiques, il y a un minimum de 647 millions de jeunes à scolariser.  Il est à noter que ces chiffres sont de grandes approximations puisque pour plusieurs pays, les données sont extrêmement difficiles à obtenir et celles qui existent ne sont pas nécessairement fiables.  Surtout dans les pays où l’éducation des jeunes filles est toujours un combat.  Elles ne font alors pas toujours parties des chiffres avancés.

Pour ajouter aux difficultés, l’Asie est loin d’être un continent unifié.  En effet, le continent asiatique est constitué de grands sous-systèmes régionaux (Asie du Sud, Asie du Sud-Est, etc.)  et regroupe à la fois des pays qui font partie de la liste des pays les plus riches et les plus avancés du monde tel que le Japon et Singapour, et certains des pays les plus instables et les moins avancés de la planète, entre autres au niveau des droits des femmes, comme l’Afghanistan et le Pakistan.

L’Asie demeure un continent largement marqué par une pauvreté de masse et des inégalités d’une ampleur considérable.  Par exemple, au Bangladesh, c’est 77% de la population qui vit toujours avec moins de 2$ par jour.  Ce pourcentage passe à 68% en Inde, à 44% au Vietnam et à 28% en Chine.  Inutile donc de dire, que dans les pays les moins développés, le taux de présence en classe et les chances qu’un enfant ne soit diplômé, ou même n’atteigne un niveau fonctionnel en lecture et écriture, sont très faibles.  Les taux d’analphabétisme sont affairants.  Certains pays, comme l’Afghanistan, atteignent même un taux de plus de 50% d’analphabètes chez les jeunes de 15 à 24 ans (encore une fois, les jeunes filles qui ont difficilement accès à l’éducation sont les plus touchées.)  En tout, c’est plus de 64 millions de jeunes de 15 à 24 ans qui sont considérés comme analphabètes sur ce continent.

Un autre défi important auquel fait face l’Asie est celui de la formation et du recrutement des enseignants, un emploi, qui dépendant des pays, est souvent peu payé et peu valorisé.  Alors qu’en 2011 le continent comptait 15 millions d’enseignants de niveau primaire, on estime aujourd’hui qu’il faudra créer au moins 1 million de postes supplémentaires d’ici 2030 pour répondre aux besoins de base.  Encore plus si l’éducation devenait accessible à tous.

L’impact international de ces défis

En 2020, soit dans moins d’un an, les pays développés regroupés sous l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ne représenteront plus que 16,5% de la population active mondiale contre 15% pour l’Inde seulement et 22,5% pour la Chine.  Dans ce contexte, l’Asie, mais également la communauté internationale est confrontée à un réel problème.  Le continent asiatique représente actuellement LE bassin de travailleurs potentiels, mais vu ses choix et son niveau de développement, ils doivent faire face à un très grand déséquilibre au niveau de l’offre et de la demande.  Les travailleurs y sont, mais ils sont peu ou pas qualifié.  Le manque d’éducation explique, en partie, l’exploitation dont sont souvent victime les travailleurs asiatiques et le très grand nombre de sous-emplois et de chômage masqué qui existent dans ces pays.  Mais certains pays font également face au problème inverse.  Le très faible taux de scolarisation des habitants rend extrêmement difficile le recrutement de personnel qualifié et retarde ainsi le développement économique du pays et le cercle vicieux se poursuit.

Et les solutions?

Les solutions sont toutes aussi plurielles que les réalités des différents pays que comporte l’Asie.  Mais une d’entre elle reste universelle: l’investissement en éducation.  En effet, certains pays ont choisi de mettre l’éducation en priorité dans leur budget et de véritables améliorations sont entrain de voir le jour, quelques pays asiatiques ont même pris la tête du classement depuis 2012. Mais l’effet le plus positif de ces injections d’argent est l’amélioration de la qualité de vie des habitants.  Par exemple, 5 pays investissent entre 21 et 31% du produit national brut (PNB) du pays en éducation soit la Malaisie, le Vietnam, le Népal, la Corée du Sud et la Thaïlande, et l’impact au niveau du développement économique est mesurable et réelle.  Singapour et l’Indonésie s’approchent également de plus en plus de ce peloton de tête.

En comparaison, les pays où l’éducation n’est pas en tête de liste dans les priorités et où les dépenses dans ce domaine demeurent très faibles (autour de 9%) stagnent au niveau du développement économique, mais aussi des droits.  C’est le cas, entre autre, du Pakistan, du Sri Lanka et de la Birmanie.

Il existe aussi une tranche intermédiaire à ces investissements.  Plusieurs pays investissent de 10 à 15% de leur PNB en éducation.  Leurs positions demeurent fragiles, mais certains effets positifs commencent à apparaitre.  C’est le cas de l’Inde, du Laos, du Cambodge et des Philippines.

Face à ces investissements inégaux du domaine public en éducation, le relais est souvent pris par l’enseignement privé qui connait un boom spectaculaire dans certaines régions.  Par exemple, au Bangladesh, c’est 42% des enfants qui sont scolarisés au privé et entre 17 à 22% en Inde, en Indonésie et à Hong Kong.  Et si on parle d’études universitaires, c’est plus de 80% des étudiants du Japon et de la Corée du Sud qui devront se tourner vers les établissements privés pour poursuivre leur éducation.  Bien que ces situations soient loin d’être idéales puisque ces écoles ne sont pas accessibles à tous, les sommes nécessaires pour joindre ces institutions étant souvent très élevés, elles permettent une augmentation du niveau d’éducation dans les pays touchés (les élèves dont les parents doivent payer l’éducation sont souvent beaucoup plus assidu en classe et se rendent plus loin) et à long terme, permettra, selon les chercheurs, l’éclosion d’une élite qui mettra fort probablement l’éducation en priorité.

En conclusion

L’éducation en Asie connait de fortes tensions afin de répondre aux défis d’un développement que l’on espère plus juste, plus solidaire, plus équilibré et plus durable.  Et bien que ces défis semblent considérables, je vous garantie que de merveilleux projets, porteurs d’espoir sont en branle dans plusieurs pays et que nous vous en ferons découvrir certains avec le plus grand des plaisirs dans les prochains mois.

À la semaine prochaine,

Geneviève

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