Ne nous le cachons pas, Shrewsbury International School dispose d’un campus, de ressources et d’équipements extraordinaires desquels les écoles publiques ne peuvent même pas rêver. Ici, il faut payer un peu plus de 1 000 000 millions de Baht thaïlandais pour un enfant d’âge scolaire (autour de 45 000$ canadien) et autour de 20 000$ canadien pour un enfant d’âge préscolaire, et ce, chaque année. Et dans ce tarif, on ne compte pas les activités et cours optionnels que la majorité des enfants ont la chance de suivre sur le campus. Par contre, comme en Finlande, les repas et collations y sont fournis afin d’assurer une alimentation saine avec le moins de sucre, de sel et de produits transformés possible, puisqu’on considère, ici aussi, que cela fait une énorme différence dans le rendement des enfants. Inutile de dire que dans un pays où le salaire annuel moyen est de moins de 7500$ canadien, cette école n’est accessible qu’à une très petite élite, souvent des étrangers ou encore les enfants des plus grandes fortunes thaïlandaises. Dans ce collège britannique fréquenté par 1700 élèves de 3 à 18 ans, provenant d’une quarantaine de pays, la presque totalité des enseignants viennent de la Grande-Bretagne, ou du moins, ont fait leur formation là-bas, et les assistants sont Thaïlandais ou Philippins. Ouvert depuis 16 ans, le magnifique campus de cette école se trouve sur le bord de la rivière à Bangkok. Le collège possède également un second campus à Bangkok, le City Campus, ainsi qu’un junior school (pour les 3-11 ans), à Hong-Kong ainsi que trois projets d’école qui ouvriront au cours des 3 prochaines années en Chine. Ici, les groupes sont composés de 14 à 22 élèves selon l’âge et chaque classe compte au minimum 1 enseignant et 1 assistant (2 assistants chez les plus jeunes). L’objectif principal que vise le programme éducatif de ce collège est de donner tous les outils nécessaires aux enfants afin de leur permettre de joindre les rangs des plus grandes universités internationales et on ne lésine pas sur les moyens pour y arriver. Vous l’aurez compris, les enfants qui la fréquentent sont des privilégiés. Ils ne représentent, en aucun cas, la très grande majorité des enfants thaïlandais. Alors pourquoi, me direz-vous, nous attarder à cette école? Parce que malgré tout, on trouve dans sa pédagogie, ses activités parascolaires et ses valeurs communautaires plusieurs magnifiques idées qu’il serait tout à fait possible d’implanter dans toutes les écoles du monde, et que leur implication sociale mérite vraiment d’être soulignée (l’article de la semaine prochaine s’attardera d’ailleurs à cet aspect.) En attendant, je vous invite à visiter, avec nous, une école qui en fera rêver plus d’un. Bienvenue à la Shrewsbury International School, River Side Campus de Bangkok.
Les piscines de l’école. Ici, tous les enfants ont des cours de natation obligatoire au programme.
Tel que mentionné, la Shrewsbury International School utilise le curriculum britannique comme base de ses enseignement. Sally Weston, la vice-rectrice et responsable de la portion junior du collège (3-11 ans), souligne par contre que celui-ci a été adapté à la réalité internationale, certains sujets n’étant pas adapté à la culture locale. Pour elle, l’important est d’éduquer les enfants dans leur ensemble, pas seulement de leur permettre de performer en mathématiques ou en langues. Le collège travaille donc à leur permettre de s’ouvrir sur le monde qui les entourent, à devenir de bonnes personnes, calmes et respectueuses et, comme plusieurs fréquenteront des écoles universitaires ou même secondaires dans d’autres pays du monde, à développer des aspects qui sont moins valorisés par la culture thaïe comme la pensée critique. Je vous propose d’écouter la première partie de l’entrevue que j’ai réalisé avec Mme Weston, avant de poursuivre la lecture de ce texte.
PS: Cette entrevu est en anglais seulement.
Une visite des locaux
Notre visite débute par les classes du pré-scolaire, soit les 3 et 4 ans. Ici, chaque classe dispose de grandes portes, ouvertes toute la journée, où les enfants ont libre accès à l’extérieur. Selon l’activité que l’enfant souhaite faire, il trouvera le matériel nécessaire à l’intérieur ou à l’extérieur. En fait, les magnifiques classes sont bâtis de sorte à ce qu’elles se poursuivent dehors. Des coins sont aménagés à l’intérieur, d’autres à l’extérieur, et périodiquement, le matériel mis à la disposition des élèves, presque entièrement en bois, est changé afin d’entretenir leur intérêt et leur curiosité. Chez les tout-petits, bien qu’un plan soit mis en place, les enseignantes s’adaptent aussi énormément aux intérêts des enfants. Par exemple, si l’ensemble de la classe se met à s’intéresser aux papillons qui volent dans la cours, l’enseignante modifiera son approche afin d’intégrer cet intérêt dans les apprentissages des tout-petits. Ici, aucune pédagogie n’a été préféré à une autre. Le programme éducatif du préscolaire a été bâti de manière à tirer le meilleur des différentes pédagogies existantes telles Montessori, Waldorf et Reggio, mettant un accent marqué sur la découverte et la manipulation. Au cours de la deuxième année de fréquentation de l’école, soit lorsque les enfants ont 4 ans, ils débuteront doucement l’apprentissage de la lecture et de l’écriture qui se poursuivra plus sérieusement au cours des deux années suivantes. La cours à laquelle ont accès les enfants a été bâtie en s’inspirant du concept des écoles dans le bois. Quand on vit dans une ville de 15 millions d’habitants, le contact avec la nature ne fait pas partie du quotidien. L’école a donc voulu palier du mieux qu’elle pouvait à cette réalité, toujours dans l’objectif d’offrir une expérience complète aux enfants.
Un aperçu des classes du préscolaire. Ils disposent, dans la cours, d’un bassin d’eau, très peu profond, où ils peuvent s’amuser et puiser de l’eau pour leurs différentes expériences et activités.
Lorsque les enfants atteignent 5 ans, ils montent à l’étage pour les 2 années suivantes. Le programme éducatif devient alors, selon les paroles de la vice-rectrice, plus sérieux. Bien que la manipulation et la découverte se poursuivent grâce aux activités disposées sur l’immense balcon extérieur adjacent à la classe, les matières académiques forment désormais une grande partie de l’horaire des enfants. C’est également à cet âge qu’ils débutent le programme sportif de l’école (dont les cours de natation) et le programme de musique. Shrewsbury International School n’a, à ce sujet, rien à envier aux plus grands conservatoire, et le programme musical de l’école est une de ses fiertés. Le département de musique dispose de 22 salles de pratique insonorisées individuelles et de quelques classes pour les pratiques de groupe. Un nombre impressionnant d’enseignants y offre des cours optionnels, ce qui fait que les enfants ont la chance de choisir l’instrument de leur choix. Sur les 1700 élèves qui fréquentent l’école, plus de 800 d’entre eux y suivent des cours de musique individuels. Quant au département sportif, de nombreux gymnases, une palestre, plusieurs piscines, etc. sont disponibles. Ici aussi, les cours optionnels sont très nombreux. Arts martiaux, équipes sportives, danses de tous styles, peu importe ce qu’un enfant pourrait vouloir faire comme sport, l’option y sera.
Une des choses qui saute aux yeux lorsqu’on visite l’école, c’est la quantité de livres qui s’y trouvent. Bien que l’école dispose d’une immense bibliothèque sur 3 étages, de petites bibliothèques et des coins lecture très invitant se retrouve partout. Dans les classes, dans les corridors, dans le bureau administratif, dans la cafétéria, dehors, etc. Une très grande importance est accordée à la lecture puisqu’on juge que c’est la porte d’accès à toutes les connaissances. Les enfants sont donc invités à lire en tout temps et partout. Une idée qui mériterait d’être reprise partout vous ne trouvez pas?
Pour les enfants d’âge scolaire, l’école a choisi de travailler par thème et par enquête afin de susciter l’intérêt des enfants. Six thèmes majeurs sont exploités chaque année (différents selon l’âge des enfants), et sont appliqués à l’ensemble des apprentissages. Dans les corridors, le personnel n’hésitera pas à monter des stations temporaires où les enfants pourront s’adonner à des jeux de rôles. Par exemple, lors de notre passage, les enfants de 7 ans travaillaient les animaux du monde. Une hôpital vétérinaire avait été monté dans un alcôve pour permettre aux enfants d’expérimenter. Des locaux de cuisine, de menuiserie et de technologie avec imprimante 3D par exemple sont aussi disponibles pour pouvoir pousser les apprentissages plus loin.
À Shrewsbury International School, l’école débute à 7h30 le matin, et à l’exception du préscolaire (qui se termine vers midi), les cours réguliers se terminent à 14h20. Par contre, dès l’âge de 6 ans,tous les enfants ont l’obligation de suivre au moins un cours optionnel par semaine après la classe. La majorité en font beaucoup plus. Mais concentrons nous d’abord sur le programme quotidien.
À leur arrivée, les enfants jouent à l’extérieur jusqu’à 7h30, moment où ils seront répartis en petits groupes jusqu’à 7h50. Pendant cette première période, les élèves ayant des difficultés dans une matière particulière se verront offrir des cours de rattrapage dans ce qui est appelé ici des groupes d’intervention. Les autres enfants auront à remplir des tâches liées au bon fonctionnement de l’école ou participeront à des ateliers visant à développer certains aspects, comme par exemple, leur pensée critique.
Puis, chaque enfant se rend en classe pour les deux premières leçons du matin qui ont lieu de 8h10 à 9h40 et seront suivi d’une pause-collation.
Ensuite, les enfants assisteront à deux autres leçons avant de se regrouper pour le repas et une période de jeux libres. Pendant cette période, l’école offre différentes activités aux enfants qui en ont envie: des jeux de société, différents sports et activités sociales, l’accès à la bibliothèque, etc. L’objectif de cette période est de favoriser le jeu collaboratif et les interactions sociales, valeurs qui ne sont pas présentes de façon naturelle chez les Thaïlandais, particulièrement ceux vivant dans les grandes villes.
La journée se poursuit ensuite par 2 autres périodes de cours avant de se terminer à 14h20. À ce moment, soit les enfants rentrent à la maison, soit ils participent à leur activité du jour qui s’inscrivent dans ce qu’ils appellent le U-Time.
Cette période vise à permettre aux enfants de grandir en tant que personnes et de se découvrir de nouveaux intérêts. Plusieurs feront aussi très bonnes figures sur le dossier d’inscription à une grande université. Et croyez-moi, il y a du choix pour tous. Entre 200 et 300 cours différents sont offerts chaque session et ils vont des sports de toutes sortes (arts martiaux, équipes sportives, nages, danses, etc.) au club de sciences, de mathématiques ou de lecture en passant par la cuisine, la méditation, le yoga, les cours de langues, le jardinage, etc. Bien que la participation à un de ces cours soit obligatoire chaque semaine, la majorité des élèves en choisissent plusieurs vu le grand intérêt de ceux-ci . Au fil des années, l’équipe tentera de les encourager à faire et à essayer différentes choses afin de leur permettre d’ouvrir leurs horizons.
L’école se targue de suivre les études et d’adapter son milieu aux résultats de celles-ci. Par exemple, au cours des dernières années, de nombreuses études ont démontré que lors de l’apprentissage de nouvelles informations, plusieurs enfants écoutaient mieux et donc apprenaient mieux, s’ils pouvaient se coucher sur le sol ou du moins être dans une position différente de celle qu’ils utilisent habituellement. L’école s’est donc équipée de coussins et de tapis pour mettre au sol et lorsque l’enseignant prévoit intégrer de la nouvelle matière, il discute la veille, avec les enfants, de la façon dont ceux-ci souhaitent apprendre. Ils installent alors ensemble la classe en conséquence.
Comme de nombreux enfants fréquentant cette école fréquenteront aussi des écoles américaines au cours de leur parcours scolaires et termineront dans les plus grandes universités de la planète, le programme a été adapté afin de permettre aux enfants de mieux s’adapter aux méthodes d’apprentissages Nord-Américaine. L’accent est donc mis, dès l’âge de 10 ans, sur le travail d’équipe et le développement des capacités de débat. Les classes sont donc toutes équipées de tables communes plutôt que de bureau individuel et aucune place n’est attitrée afin de permettre aux enfants de varier les groupes en fonction des apprentissages.
Voilà ce qui complète la présentation de cette école extraordinaire. Sincèrement, je pense qu’il y a de quoi s’inspirer grandement, peu importe les moyens financiers de notre école n’est-ce pas. En attendant, qu’en pensez-vous? La semaine prochaine, nous nous attarderons à l’implication sociale de cette école et d’une grande partie des écoles privées de la Thaïlande. Bonne semaine.