Prague ou la place d’un événement culturel d’envergure dans l’éducation!

Bonjour à tous,

Lorsque vous entendez parler de l’Europe au mois de décembre, il y a de grandes chances qu’une des premières images qui vous viennent en tête soit celle des immenses marchés de Noël n’est-ce pas?  Et si je vous demande d’en nommer quelques uns, il y a fort à parier que ceux de Prague figurent au sommet de votre liste, comme sur celle d’une grande majorité d’entre nous.  Et pour cause!  Depuis plusieurs siècles, la première édition datant au minimum du Moyen Âge, la République Tchèque toute entière bat au rythme des marchés de Noël tout au long du mois de décembre.  À Prague seulement, plus de 10 marchés transforment entièrement la ville tout au long du mois lui donnant des apparences de cartes de Noël d’époque!  Mais quel rapport y a-t-il entre ça et Apprendre autrement me direz-vous?  Et bien, pour notre spécial de Noël, nous nous attarderons sur la place d’un événement culturel d’aussi grande envergure sur l’éducation des enfants!

  

Quand la tradition rythme le mois de décembre

Étrangement, la République Tchèque est considérée comme le pays le plus athée de toute l’Europe.  Pourtant, il demeure l’un des pays les plus attachés à des pratiques traditionnelles héritées de la religion chrétienne.  Le paradoxe prend toute son ampleur dès le début du mois, lorsque l’arrivée de Saint-Nicolas le 5 décembre, est soulignée partout, du plus petit village à la plus grande des villes en passant par les écoles, et même  les salons, où des pièces de théâtre familiale sont mises en place.  À l’arrivée de St-Nicolas coïncide souvent le début des marchés de Noël,  qui resteront en place parfois jusqu’au début janvier.  Malgré le fait que ces marchés attirent désormais de plus en plus de touristes internationaux chaque année, la République Tchèque, et particulièrement la ville de Prague, se fait un point d’honneur de favoriser la tradition.  Les centaines de kiosques seront donc remplis de produits traditionnels tchèques, de nourriture, de cadeaux et d’arts locaux, et très peu de kiosques auront des objets importés, plusieurs marchés les interdisant totalement.

À ces immenses marchés, se rattachent d’autres traditions toutes aussi importantes:  les chorales de Noël, plusieurs dizaines d’entre elles, souvent composées d’enfants, prendront d’assaut les différentes scènes de la ville en décembre; les expositions de crèches plus créatives les unes que les autres et les Pohàdka (contes de fées tchèques), qui seront lus dans des recueils ou écoutés à la radio ou à la télévision.

Mais vous aurez compris que pour faire vivre tout cela, année après année, une grande partie de la population doit mettre la main à la pâte, et les écoles n’y échappent pas.  Entre ateliers de confections d’objets et d’aliments qui seront vendus dans les marchés, pratiques de la chorale de l’école ou du spectacle de la Saint-Nicolas et création de crèches, les enfants sont très impliqués dans ces grandes traditions nationales.  Alors de quelles façons est-ce intégré au programme éducatif?  Comment, en temps qu’enseignant, demeure-t-on créatif année après année afin de susciter l’intérêt des enfants, sans compter le grand nombre d’heures supplémentaires rattachées à tout cela! Quel est l’impact de ces grandes traditions sur les apprentissages des enfants? Et dans les familles d’artisans, comment sont transmises les connaissances, parfois ancestrales, de parents à enfants? C’est ces grandes lignes qui motiveront nos tournages à Prague!

 

L’éducation traditionnelle tchèque: une éducation basée sur la classe sociale?

En République tchèque, il n’y a pas de banlieue ou de quartier pauvre.  Les ghettos sont inexistants.  Bien qu’il existe certains quartiers plus riches, le lègue du système communiste qui a favorisé l’égalité des loyers et le fait que le pays accueille très peu d’immigrants, a évité la création d’un ségrégation territoriale.  Pourtant, le système scolaire tchèque est souvent pointé du doigt, au niveau international, pour son caractère inégalitaire.  En effet, selon plusieurs, la classe sociale conditionnerait l’orientation scolaire.

David Greger,  directeur de l’Institut de recherches et de développement en éducation de la faculté d’éducation de la Charles University de Prague, explique ce fait en ces mots lors d’un entretien qu’il a accordé, en mars 2007 au XYZep.  ”Le système est surtout fondé sur la sélection et l’orientation précoces.  D’une manière générale, les élèves ayant une ”aptitude générale académique” sont envoyés vers les écoles traditionnelles, tandis que les autres suivent des cursus et des programmes spéciaux.  La première sélection a lieu dès l’âge de huit ans et la seconde à onze ans.  Seuls 10% des élèves intègrent un niveau de collège classique (gymnasium) pour un cursus de huit années.”

Bien que les défenseurs du système affirment que la sélection est fondée sur le mérite et vise à permettre aux enfants de suivre un cursus qui se basent sur leurs forces, force est d’admettre que seulement 7% des élèves fréquentant les gymnasiums proviennent de familles défavorisées alors que 79% d’entre eux proviennent de familles favorisées.

Cette sélectivité fait aussi que 5% des élèves, ceux à fort besoins éducatifs particuliers, sont scolarisés séparément des autres.  Or, cette catégorie regroupe surtout des élèves issus de milieux défavorisés, principalement, des enfants Roms, qui au lieu d’être aidés, seront réorientés ailleurs.

L’éducation traditionnelle tchèque en bref

  • En République tchèque, l’éducation est obligatoire de 6 à 15 ans et ce, depuis 1774.
  • Pour les 0-3 ans, l’école appelée Jesle est facultative, payante puisque vu comme un service de garde, et très peu populaire de nos jours.
  • Pour les 3-6 ans, c’est les écoles maternelles, elles aussi facultatives, qui prennent le relais.  Les 2 premières années sont également payantes et considérées comme un service de garde, puis la dernière année, appelée année pré-primaire, est gratuite.  88% des enfants tchèques fréquenteront ces écoles maternelles.
  • L’école élémentaire 1er degré est pour les enfants de 6 à 11 ans.
  • Aux évaluations PISA, la République tchèque se classe à peu près au même niveau que la France.  Par contre, quand on se penche vraiment sur les résultats, on s’aperçoit qu’ils sont très différents selon l’origine sociale des élèves et surtout les écoles qu’ils fréquentent.
  • La langue officielle est le Tchèque, mais la minorité polonaise possède son propre système d’enseignement.

Voilà qui mettra fin à la portion européenne de notre voyage.  Nous prendrons ensuite, la direction de l’Asie!

À la semaine prochaine,

Geneviève

 

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